Moins de 10% des logements neufs sont adaptés aux fortes chaleurs

Face aux fortes chaleurs, les logements neufs, aussi étrange que celui puisse paraître, n’offrent pas forcément le confort d’été espéré.

C’est une donnée surprenante. Les logements neufs présentent un confort d’été légèrement meilleur que les logements anciens, mais moins de 10% des logements neufs sont adaptés à la chaleur, d’après une étude de Pouget Consultants, société de conseil en performance énergétique, pour Ignes. Cette dernière, une alliance d’industriels qui proposent des solutions électriques et numériques pour le bâtiment, s’appuie sur les données de l’Agence de l’environnement, Ademe, sur les DPE (Diagnostic de performance énergétique) effectués depuis le 1er juillet 2021 et jusqu’au 16 avril 2024. Il faut noter que les logements qui appliquent la réglementation la plus récente, RE2020, offrent un plus grand confort d’été que ceux de la RT2012.

Même les logements classés A sont inadaptés à la chaleur

De plus, bonne performance énergétique et confort d’été ne vont pas forcément de pair, aussi étrange que cela puisse paraître. Ainsi, 31% de logements au diagnostic de performance énergétique A (excellente performance énergétique) sont jugés «insuffisants» au regard du confort d’été, et seulement 10% atteignent le niveau «bon». Le manque de protections solaires extérieures pour 94% des logements classés A explique cette absence de confort d’été. Quant aux logements classés F ou G, près de 60% de logements sont des passoires thermiques en hiver et considérés comme bouilloires thermiques en été par l’indicateur de confort d’été du DPE. Au total, 9 logements sur 10 seraient inadaptés aux fortes chaleurs en France.

Étonnamment, l’isolation peut être considérée comme insuffisante en hiver et satisfaisante en été, et vice-versa. Cette incohérence concerne près de 32% des logements étudiés (anciens et neufs), dont la toiture est considérée comme isolée selon le confort d’hiver mais non isolée selon le confort d’été ou inversement. «Le DPE prend en compte l’isolation du bâtiment, ce qui fonctionne pour le confort d’hiver. Pour le confort d’été, l’isolation est une condition nécessaire mais insuffisante. Quand un logement est bien isolé, tout rayon du soleil qui fait chauffer la pièce a dû mal à ressortir. C’est pourquoi d’autres éléments doivent être pris en compte comme la gestion des apports solaires (présence de volets, stores…) ou encore le fait qu’un logement soit traversant ou non pour faire sortir la chaleur piégée», explique Anne-Sophie Perrissin-Fabert, déléguée générale d’Ignes. «Les travaux pour améliorer le confort d’été sont éligibles à MaPrimeRénov’ (aide publique destinée à financer les travaux de rénovation énergétique, NDLR) mais ils ne sont souvent pas suffisamment valorisés pour sauter des classes. Pourtant, les protections solaires apportent aussi des bénéfices en hiver», fait remarquer Anne-Sophie Perrissin-Fabert.

Un DPE peu pertinent sur le confort d’été

Aujourd’hui, la gestion des apports solaires et le caractère traversant d’un logement sont pris en compte par l’indicateur confort d’été du DPE. Cependant, la qualité des équipements et des matériaux de construction ainsi que la localisation et l’environnement du logement ne sont pas pris en compte. «Tant que l’indicateur n’est pas fiabilisé, il est difficile de considérer que le DPE est pleinement pertinent sur le volet confort d’été», ajoute-t-elle. Il y a déjà eu une amélioration puisque le DPE prend en compte l’indicateur du confort d’été depuis le 1er juillet 2021 mais ce progrès reste insuffisant.

La Fondation Abbé Pierre évoquait l’expression de bouilloires thermiques dans son rapport, en écho aux passoires thermiques, qui sont souvent prises en compte l’hiver. Le nombre de décès liés à la chaleur de l’été 2023 est évalué à 5000, dont 75% chez les 75 ans et plus. Les décès dus à la chaleur en Europe pourraient tripler d’ici 2100, pour être responsable de la mort de 128.809 personnes par an si les températures augmentent de 3°C, selon une étude publiée dans la revue scientifique britannique The Lancet.

Source : lefigaro.fr – Image : freepik.com