Les acheteurs se tournent vers les petits logements, les seuls qu’ils peuvent encore payer
Les acheteurs se tournent vers les petits logements, les seuls qu’ils peuvent encore payer
Face à une solvabilité dégradée, les acquéreurs réduisent leurs prétentions et achètent des logements plus petits. Ce sont les seuls biens à tirer leur épingle du jeu, d’après les Notaires du Grand Paris.
Les premières détentes sur les taux ont «été très médiatisées», selon les notaires du Grand Paris mais dans les faits les conditions d’accès au crédit sont encore limitées. «En moins de deux ans, on comptabilise 60% de crédits en moins» en raison de la hausse des taux d’intérêt, comptabilise Élodie Frémont, présidente de la commission des statistiques immobilières et notaire à Paris. D’après la Banque de France, 21,7 milliards d’euros ont été prêtés aux ménages au 1er trimestre 2024, contre 38 milliards au 1er trimestre 2023 (-42%) et surtout 56,3 milliards au 1er trimestre 2022 (-61%). «Les banques affirment avoir rouvert le robinet du crédit mais le printemps de l’immobilier est à l’image de la météo: gris. Toute l’Île-de-France subit la même tempête, avec peu de différences entre petite et grande couronne», assène Christian Godard, notaire à Claye-Souilly, en Seine-et-Marne (77). Les notaires prévoient une augmentation de la mensualité de 12% pour les appartements et de 17% pour les maisons, de janvier 2022 à juillet 2024 en Île-de-France.
La baisse des prix (d’environ 6 à 8% selon les secteurs géographiques) n’a pas permis de compenser les hausses de taux. Les prix restent encore supérieurs de 10% à ce qu’ils étaient il y a 5 ans globalement en Île-de-France, ainsi qu’en petite et grande couronnes. Face à une solvabilité dégradée, les acquéreurs n’ont que deux choix: rester sur le marché locatif ou réduire la surface de leur futur logement. «Les acquéreurs sacrifient leur espace de vie pour s’adapter à la réalité d’un marché. On observe une réduction des prétentions des candidats à l’acquisition au regard de leurs capacités de remboursement», relève Loïc Cantin, président de la Fédération Nationale de l’Immobilier, Fnaim.
Les studios moins touchés par la baisse des volumes de vente
Si un acquéreur pouvait acheter un appartement de 65 m² en janvier 2022, il devra désormais consentir à perdre 7 mètres carrés en juillet 2024, s’il veut conserver le même coût d’emprunt total. Il pourra donc acquérir un 58 mètres carrés seulement. De même, s’il pouvait se positionner sur une maison de 100 m² en janvier 2022, il devra fournir un effort encore plus important en acceptant de rogner sur 14,5 mètres carrés. Il pourra acheter une propriété de 85,5 mètres carrés contre une maison de 100 mètres carrés en janvier 2022.
Ce sont les grands biens qui sont les plus touchés par la baisse des volumes de vente, que ce soit pour les appartements ou les maisons. «Les studios représentent un investissement à court terme et s’adressent à une clientèle moins contrainte par l’obtention d’un crédit. À l’inverse, les biens plus grands sont destinés à des familles, une clientèle plus exposée à des difficultés de crédit», note Loïc Cantin. En Île-de-France, les volumes de ventes des appartements ont reculé de 29% pour les 5 pièces et plus, soit 3000 ventes de moins en un an. Les studios ont le mieux résisté: le recul d’activité se limite à 17% pour ces petites surfaces.
«Plus une maison est grande, moins elle se vend», résume Élodie Frémont. Les maisons de 6 pièces et plus, qui avaient vu leurs ventes décoller ces dernières années, connaissent un recul plus sévère que les petites maisons avec une baisse de 31% de 2022 à 2023 (contre -22% pour les maisons de 3 pièces et moins). De 2022 à 2023, la baisse des ventes de maisons de 28% se retrouve aussi bien en petite qu’en grande couronne, et seules les petites maisons en grande couronne ont une baisse plus limitée de 21%.
Source : lefigaro.fr – Image : freepik.com