Même en plein été la rénovation thermique reste d’actualité
Certes, on sait désormais qu’à côté du problème bien identifié des passoires thermiques, il faut aussi affronter celui des bouilloires thermiques, ces logements où l’on étouffe de chaleur, l’été. Il n’empêche, même en période de chaleur estivale, la question de la rénovation énergétique des logements reste d’actualité, tant la tâche est immense. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire ne s’y est pas trompé en annonçant ce vendredi que les plans épargne logement (PEL) pourront, à l’avenir, être débloqués à n’importe quel moment pour financer ce genre de travaux. Jusqu’à présent, il fallait pouvoir attendre 4 ans avant d’envisager de le débloquer, seulement pour l’acquisition d’un logement.
Mais au-delà de cette mesure, somme toute symbolique, nombre de professionnels de l’immobilier plaident pour certains aménagements de la loi Climat et Résilience. Ils estiment que ces changements viendraient accélérer le mouvement et allégeraient notamment un peu le fardeau des propriétaires bailleurs, ce qui permettrait à terme d’éviter que la tension locative cesse de grimper continuellement. Laurence Batlle, présidente de Foncia, leader de la gestion de copropriétés en France, fait partie de ceux-là. Notamment avec d’autres membres de l’association Plurience (qui fédère de grands noms de la gestion et la transaction immobilières), elle essaie de pousser les pouvoir publics à revoir leur copie sur certains points sensibles.
Éviter le couperet
«La loi est restrictive pour l’interdiction de louer les logements classés G et F au 1er janvier 2025 et au 1er janvier 2028, car ces dates tombent comme des couperets concernant les locations en cours, explique-t-elle. Ce n’était pas le cas pour le 1er janvier 2023 où seules les remises en location des pires passoires thermiques étaient concernées. Une clarification a été faite par le ministère précisant que l’interdiction de louer s’appliquera au renouvellement du bail. Il conviendrait d’aller plus loin et que cette interdiction s’applique aux seules remises en location afin de pouvoir effectuer les travaux de rénovation énergétique lorsque le logement est vide et éviter le risque de judiciarisation des relations entre propriétaires et locataires.»
Un autre point qui coince concerne lui aussi le traitement spécifique des propriétaires-bailleurs. «Il convient d’améliorer l’articulation entre propriétaires bailleurs et propriétaires occupants dans les copropriétés afin de faciliter les rénovations globales et de les rendre plus efficaces, souligne Laurence Batlle. Si la copropriété vote des travaux de rénovation globale, les interdictions de louer qui peuvent peser sur des bailleurs devraient être suspendues le temps de la réalisation des travaux. Cela permettrait dans un premier temps d’effectuer tous les travaux communs, les interventions sur les parties privatives ne se feraient qu’ensuite. Et l’on éviterait ainsi un non-sens écologique et financier comme une isolation par l’intérieure des parties privatives lancée par un bailleur avant que l’immeuble ne réalise une isolation par l’extérieur.» En prolongement de cette idée, elle suggère par ailleurs qu’entre le DPE collectif de l’immeuble (dans les copropriétés où il est déjà obligatoire) et le DPE individuel de chaque appartement, ce soit la meilleure des deux notes qui soit retenue.
Indispensable outil de financement
Quant à la dernière suggestion, elle concerne un point qui fait l’unanimité chez les professionnels: la rénovation énergétique doit bénéficier d’outils de financements bancaires. Si Bruno Le Maire évoque le PEL, Laurence Batlle lui préfère largement le Prêt à taux zéro (PTZ), pour peu qu’on le toilette complètement. «L’éco-PTZ copropriétés est actuellement très peu utilisé car il est très restrictif et compliqué à mettre en œuvre, rappelle-t-elle. Ce que nous appelons de nos vœux, c’est un véritable éco-PTZ collectif. Il concernerait la copropriété dans son ensemble plutôt que les copropriétaires individuellement, comme c’est le cas actuellement. Il serait voté à la majorité et non à l’unanimité et serait attaché à chaque lot. Ainsi, en cas de vente d’un logement, le prêt serait transféré vers le nouvel acquéreur.» Des mécanismes intéressants et vertueux, même s’il n’est pas sûr que les pouvoirs publics soient prêts à s’engager dans une voie du PTZ pour tous.
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